REGRESSION

REPRESSIONS
23 octobre 2022
REPRESSIONS
23 octobre 2022

REGRESSION

D écidément, je suis un vieux râleur. Je crains que l’on ne pense que rien ne me satisfait, que c’était plus marrant quand j’étais jeune. C’était sans doute plus confortable quand on se sent protégé par une institution, un patron, des collègues amicaux.

Je n’en suis pas si sûr ! Revenir sur les meilleurs aspects du bon vieux temps n’est pas revenir à celui des asiles psychiatriques ; de la quasi-absence de moyens thérapeutiques, des électrochocs en série. Ce n’est pas une si agréable perspective que de rêver au temps où l’aliéné n’était pas une personne, mais une machine à délirer.

Le problème est que, pour beaucoup de nostalgiques de la neurologie, la personne est devenue une machine à penser, sur le modèle nouveau des empilements d’ordinateurs : ce qu’une machine ne sait pas faire, il est possible que 10, 100, 1000 machines en soient capables.

Ce qui me frappe le plus, c’est le contexte : la régression est en ce moment, partout. Sur le plan économique, la pauvreté dans le monde augmente, les PIB chutent ; il y a des menaces de famines ravageuses. Sur le plan politique les régimes dictatoriaux, autoritaires, ou « illibéraux », voire les régimes d’inspiration religieuse se multiplient. Sur le plan artistique aussi, là où quelques « faiseurs » empilent des millions.

On attend encore le nouveau braque ou Picasso, le nouveau Berg ; le nouveau Beckett. Et, je ne parle pas de la médecine qui fera sans doute l’objet d’autres chroniques.

Et pourtant je ne me sens pas (pas encore ?) dans le camp des déprimés ronchons, car je sais, je suis sûr, je veux croire qu’à cette contre mode régressive viendra bientôt se substituer un effort de reconstruction nouveau, et original.

Daniel Kipman

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