PROCHE ET LOINTAIN

J e ne vous dirai rien des patients (Je suis psychiatre), pour vous convier à une réflexion qui m'est venue cette semaine. Mais ils sont pourtant à l'origine de ces petites pensées, que je ne peux m'empêcher de juger comme essentielles. C'est que je ne voudrais pas me « pousser du col » en évoquant les auteurs qui m’accompagnent, m’aident à fuir les aléas de ma vie « quotidienne. » Remarquez les guillemets, s’il vous plait… Distancer et mettre en valeur.

J e vous invite à différencier l'expression ma vie « quotidienne » de la vie plus intime où comme tout un chacun, l'on médite sur sa vie, celle de ses proches et « mes patients ».

D onc, revenons à nos moutons : me voilà chez un ophtalmologue. Une fort belle et séduisante assistante s’est intéressée à mes yeux, (cela ne m'arrive pas souvent qu’une belle jeune femme me regarde les yeux si « profondément. »
Et puis, elle va au « fond » et à fond ! Comment ? (N’oubliez pas les guillemets !) Par le miracle d'un scanner, complété par des initiales, qui demeurent pour moi un mystère (et pourtant je suis médecin,) « Mais » psychiatre ! Lorsque je lui révèle tout à trac (il ne faut pas creuser bien loin pour savoir pourquoi, donc ne cédez pas à la facilité, s’il vous plait) : « Voyez-vous Madame, vous me regardez si profondément, avec une telle intensité. Nous sommes si proches ; pourtant nous sommes si loin, loin de l'autre. » Son sourire et sa légère gaîté m’ont flatté. Et, pourquoi pas ? A première vue pas la peine d'en faire un plat ! Non ?

M ais si nous prenons le temps : le rythme effréné du téléphone (mobile s’il vous plait !) internet, les Visio réunions, les réseaux sociaux. Et, nous voilà en quelques heures au bout d’un monde si lointain et pourtant si proche. Ne vous y trompez pas, c’est bien notre vie quotidienne. Nous sommes si proches et pourtant si loin les uns des autres…. Ce proche et ce lointain ; où le lointain est souvent le plus proche que nous en arrivons à l’ignorer. Cet apparent paradoxe gouverne notre vie sociale et relationnelle. Nous sommes proches les uns et des autres et pourtant si loin. Cette réflexion « anodine » prend sa source dans ma rencontre avec des patients et des penseurs d’un certain rang. Bon, bref… Elle n’appartient pas aux seuls domaines de la médecine somatique, qui par sa puissance technique, souvent salvatrice, ne voit plus de QUI il s’agit.

M ais c’est aussi le cas des sciences intitulées « humaines » (attention aux guillemets s’il vous plaît !) La psychiatrie échapperait-elle à cet écueil ? C’est une autre histoire : celle de la dimension psychothérapique en psychiatrie. Un colloque est organisé le 24 mars 2023, par le Syndicat des Psychiatres français et son association scientifique (Association Française de Psychiatrie.) Nous vous attendons. Venez-nous le dire.