LE MAL IMPORTE EN SOI

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LE MAL IMPORTE EN SOI

 

L’Expertise psychiatrique, la citation aux Assises en tant qu’expert, et le face-à-face avec des victimes et leur agresseur, nous interrogent et nous enseignent sur la relation des victimes de viol ou autre agression face à l'auteur du méfait. Souvent, la demande d’une forme de reconnaissance par l'agresseur de son exaction, est demandée, implorée par sa victime. Entendez, écoutez les victimes en cours d’assises ou à la sortie, voire dans les médias, dire à propos de l'agresseur : « il ne nous a pas regardés, il a nié les faits, il baissait la tête, il était froid, indifférent, il ne s'est pas excusé ».

En tant que clinicien, je me suis souvent demandé quel est le besoin, en tant que victime, du regard de l'agresseur, pourquoi accorder de manière paradoxale cette importance à celui qui les a fait rentrer dans un traumatisme, à vie parfois… ? Pour quelle raison, la victime ne s'oriente-t-elle pas vers le chemin de l'oubli de son agresseur via une thérapie en lien avec son traumatisme, et donc vers une tentative de résolution de son traumatisme ?

Ce n'est pas si simple que ça. Il semble qu'à partir du moment traumatique de l'effraction de son corps, la victime a à faire avec le mal importé en elle, psychique ou physique, ou parfois les deux. Ce mal importé est peut-être l'équivalent de la pulsion de mort qui sommeille en chacun de nous, et qui réactivée sous forme de symptômes, nous oblige à faire avec. Ce mal lui est tombé dessus par hasard ; la victime était là, à cet endroit, à la mauvaise heure, au mauvais moment, pourquoi elle… ? Pourquoi moi, dit-elle, crie-t-elle… ? Question sans réponse. Quel est donc ce choix du destin ? Elle ne se remet pas de cette coïncidence, malheureuse.

En négatif, On pourrait rapprocher le syndrome des survivants, c a d ceux qui ont échappé à un attentat, alors que leurs proches ont succombé.

Pour certaines victimes d’agression, j'avais pensé qu'une médiation thérapeutique avec l'agresseur pouvait être bénéfique, pour autant que la victime y consente et que l’agresseur l’accepte, dans la mesure où il reconnaît son exaction... En effet, l'agresseur est rentré dans la vie de la victime par effraction et il y occupe une place en tant que mal importé, donc autant essayer de l'évacuer par une catharsis thérapeutique, permettant de tenter d’humaniser l'agresseur, qui est aussi une personne humaine. L’humaniser par cette sorte de médiation, pourrait permettre à la victime d’atténuer la haine, la colère, l’inguérissable de ce traumatisme.

 

DR BENSOUSSAN

 - Psychiatre Psychanalyste

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