LES HÉROS SONT FATIGUÉS

LES HÉROS SONT FATIGUÉS

Les psychiatres sont exténués, tiraillés entre les nouvelles données de leur métier, les exigences du milieu et celles des gestionnaires.

Le fait qu’ils ne soient pas seuls à souffrir n’empêche certainement pas que nous ayons obligation de nous pencher sur le sujet. En tous cas, nous les vieux.

En effet, nous avons vécu une longue période d’actions, de progression, et d’espérance. Tous cela s’efface, disparait alors même que nous avons pu nous considérer comme les ressorts de la médecine. Je me souviens d’un édito ou je remarquais que la psychiatrie, née tard en tant que spécialité à part entière (1968) allait, partie tard, prendre la tête d’une pensée médicale jusque-là assez conservatrice.

Il nous faut donc :

- Analyser cette souffrance et cette régression relative. On ne peut se contenter d’user et d’abuser du manque de moyens.

- En déterminer les causes

- Et sans doute celles d’une certaine passivité des collègues.

Que se passe-t-il ? Que nous est-il arrivé ? Je n’en sais rien, ou pas grand-chose, mais j’associe sur plusieurs intuitions :

- Le XXI siècle est, je l’ai déjà dit, le siècle de la BETISE, donc celui de l’action irréfléchie et de la violence. Il faudrait, ici ou ailleurs développer ce point de vue. Mais nous savons que la maladie mentale, la névrose rend bête. Pourrions-nous alors parler de névrose collective, de normes de conduite collectives névrotiques, ou de masque névrotique à des problèmes sociologiques collectifs ?

- Nous sommes bien obligés de constater que, depuis longtemps, mais cela prend de l’ampleur en tous cas dans notre domaine, la mécanique, la technique l’emporte sur l’intuition et la pensée. Il y a une véritable mécanisation de la personne humaine.

- Ce qui implique une industrialisation, c’est à dire la réduction des PERSONNES (voir la psychiatrie de la personne Doin) à des items chiffrés ;

Je me relis : suis-je enfin devenu un vieux schnock, qui ne sait que ronchonner ou hurler dans le vide?

S.D. KIPMAN