DU SEXE

DU SEXE

Il y a quelques jours je rencontre un psychiatre pour lequel je suis devenu un ancien. Nous devisons de choses et d’autres ; enfin pas tout à fait. "Quand un gendarme rencontre un autre gendarme, ils se racontent des histoires de gendarmes". Que dire de deux psychiatres psychanalystes ! "Vous savez" me dit-il, je me suis orienté vers la pédopsychiatrie. Et, d'un coup il me raconte les "aventures" de quelques consultations. Ce fut une entrée en matière...

Je percevais qu'il voulait parler de "quelque chose" ... Mais cela lui semblait difficile. Je l’encourage : tu es divorcé ? Il était divorcé. Visiblement si l'on peut dire les choses ainsi, cela ne lui posait pas de problèmes. Et, moi de me dire en me traitant de dinosaure : Le mariage par amour est d'une acquisition relativement récente, les temps changent...". "Tu sais" me dit-il, "la femme depuis 1965 n'est plus sous la tutelle de son mari." Donc, elle l'avait quitté... Enfin, je crois. Mes petites ouvertures le décident enfin… à me confier ce qui lui était arrivé avec sa compagne ? Pas du tout.

J'apprends que ce praticien expérimenté est confronté à des familles accompagnées de leur rejeton, adolescente ou adolescent, qui demande à changer de sexe. Il me confie sobrement ses incertitudes. Je lui demande ce qu'en pensent les psychanalystes de son école.... "C'est toujours articulé" me dit-il "à des cas pathologiques, compréhensibles dans le cadre de la pathologie." Nous en convenons : cela ne colle pas avec la fréquence des cas. Je pense à Pierre Mâle dont j’avais une fois eu le "bonheur" d’assister à la consultation pour un adolescent hospitalisé à la clinique de Saint Anne, et pour lequel j'avais décidé qu'il devait consulter Pierre Mâle... Souvenirs.... Et me revient la remarque de notre rédacteur de la rubrique du site "les Pionniers de l'esprit" : évoquant Françoise Dolto, elle disait, me dit-il, de l’adolescent : « il est comme un Bernard-l’hermite ou un Homard privé de sa carapace ».

Identité à l'adolescence, bisexualité psychique et identification. "Le moins mal" lui dis-je "c'est de demander à ces familles d'attendre." Mais quand les parents donnent leur accord à la demande de leur enfant de 13 ans ? Quand ces parents évoquent la souffrance de leur enfant ? Silence. La loi leur permet... La loi sociale mais "LA LOI ?" Nous glissons sur l’adulte : encore plus compliqué... Est-ce parce que nous ne sommes pas anthropologues ? Car nous étions fort à l'aise d'échanger nos vues sur la mutation culturelle possible, de son reflux tout aussi possible vers l'intolérance. Il est vrai que la Statue de Voltaire dégradée par les Black Lives Matter n'a toujours pas retrouvé sa place....

Alain KSENSEE