SOLITUDE ET ISOLEMENT

SOLITUDE ET ISOLEMENT

Il y a quelques années déjà, un colloque de l’AFP avait été consacré à l’isolement. A ma grande surprise, il n’y fut question que de décisions d’isolement prises (autrefois et peut être encore ?) à l’encontre de malades hospitalisés. On peut comprendre alors que certains aient considéré, voire considèrent encore les services et hôpitaux psychiatriques comme des lieux d’enfermement. Il y a même un médiateur pour cela.

J’ai appris, depuis, que ce type d’enfermement avait été utilisé pour ce qu’on appelait des « lavages de cerveau » par des pouvoirs dictatoriaux. Au fond, tous ces gens avaient été condamnés (par quelle justice) à la solitude.

La solitude, c’est toujours une souffrance. On peut bien souhaiter et s’organiser des moments de solitude, mais toujours par rapport à son entourage permanent. Cet entourage, dans ces moments de solitude, on ne le quitte pas des yeux, on ne le quitte pas du cœur.

On peut aussi s’isoler, se cacher sous le pouvoir de la déprime ou de la honte, mais jamais on ne se cache tout entier.

Si, comme l’affirme Levinas, c’est dans l’Autre, le regard de l’Autre qu’on peut s’identifier ; on risque de perdre toute identité grâce ou à cause de ces méthodes d’enfermement contraint.

Si s’isoler, c’est, paradoxalement appeler au secours. Isoler c’est couper tout contact vivifiant à la personne concernée. Et cela peut se produire même en famille. Nos amis de l’UNAFAM appelaient cela l’internement familial.

Du coup, je pense à d’autres types d’isolement, par contrainte douce sans doute : l’isolement dans lequel se trouve l’enfant de parents qui l’enferment, l’étouffent de leurs amoureuses angoisses. Ce qui est une véritable fabrique de psychose, surtout si l’enfant est unique, seul.

Ou comme l’amante peut isoler, par contrainte douce, admise, tolérée, une amante éperdue.

Quel joli sujet pour une revue. Quel sujet de réflexion pour un senior retiré des affaires.

S.D. KIPMAN