ETAT MIXTE – OTAGES ET PROCHES

CASSANDRE
20 janvier 2025
AU BONHEUR DE FREUD
4 février 2025
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ETAT MIXTE – OTAGES ET PROCHES

 

Troubles de l'humeur induit.

L'état mixte : entre fausse joie, larmes et tristesse, des familles d’otages israéliens.

Entre joie, larmes, pleurs espoir, désespoir, l'ascenseur émotionnel n'en finit pas de monter et de descendre et de s'arrêter à tous les étages de cette attente interminable, de l’être cher mort ou vif, état émotionnel nourri par des promesses, déconvenues, nouvelles promesses de retrouvailles et ainsi de suite, d'un être cher, vivant ou même mort.

Ainsi, l'on observe chez les proches des otages, dans l'attente interminable, l'alternance des émotions, pratiquement instantanées entre la réaction de joie parfois excessive et la réaction de pleurs devant les faux espoirs qu’ils se sont faits. Fausse joie faux espoirs, face à l’absence de la promesse tenue, de rendre l'objet indispensable d’amour c'est-à-dire le corps de l'être cher mort pour enfin faire le deuil ou le rendre vivant.

Comme dirait Freud dans deuil et mélancolie, l'ombre de l’objet est tombé sur le Moi.

Cette situation d'attente émotionnelle interminable met en exergue de façon quasi expérimentale, le jeu sadique avec l’objet qui n'est rien d'autre, que la vie avec laquelle on joue au yo-yo, et qui rappelle le statut de l'objet nécessaire, impossible à récupérer ici, c'est-à-dire le corps de l'être aimé, qui s'exprime sous forme de la fausse joie sans cesse déçue, de l'être cher trop longtemps attendu.

Et dans une situation comme dans l'autre, il s'agit du statut de l'objet qui s'appelle la vie qui joue à cache-cache, et qui se donne à appréhender sous une forme hallucinatoire du deuil impossible ou de la fausse joie.

L'objet vide de la joie de l’espoir vain des retrouvailles n'est plus incarné, par une présence que les proches languissent de tenir dans leurs bras.

L’objet du deuil, n’est non plus pas incarné par un corps qui, retrouvé mettrait fin à cette douleur morale : à ce deuil, impossible et destructeur. Et lorsque la rencontre avec le vivant est enfin possible, au terme d’une trop longue attente, lorsque les retrouvailles ont enfin lieu, et que l'on peut serrer dans ses bras l'objet d'amour incarné en chair et en os, alors on assiste à une étreinte d'une intensité qui en dit long sur le manque enduré.

Ainsi, l'actualité à la lumière de la psychopathologie, m’a inspiré la description d'un état mixte de l’humeur, c'est-à-dire mélange de joie et de tristesse instantané, induite de façon expérimentale, par cette situation inédite, redoutable et cruelle, comme il est décrit dans les troubles de l'humeur.

 

Dr BENSOUSSAN

 - PSYCHIATRE psychanalyste

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