PANEM et CIRCENSES

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PANEM et CIRCENSES

Le football est la transformation d’un jeu d’enfant élémentaire et universel en une énorme source de profit. Je n’aime pas le foot, je le sais…. Comme un grand nombre de français qui n’osent l’avouer en cette saison de coupe du monde qui réveille les nationalismes Je n’aime pas le foot. Je n’en comprends pas les règles et encore moins les concepts, en particulier « la fameuse « surface de réparation »… qui répare quoi? Je vois courir sur un tapis vert (celui de la télévision) des jeunes gens se disputant, au pied, un ballon rond et blanc. Leur seule qualité est justement cette énergie musculaire cette habileté cursive. Lorsque par hasard ils répondent à un interview, souvent leur faible niveau explose, et les intérêts, le profit, moteur exclusif de leur dirigeants scandalisent Ces jeunes gens font aussi partie d’un marché ou les clubs les vendent et les achètent au mépris élémentaire du droit du travail. Les joueurs y consentent et les meilleurs fixent même leur prix !

Je suis effaré de l’enthousiasme que ces spectacles déchainent. Certes je passe pour élitiste et alors?? Je pense à l’empire romain et aux jeux du cirque « Panem et ciscenses » écrivait Juvenal (repris par Dostoïevski dans les frères Karamazov) Du pain et des jeux.! Existe-t-il plus grand mépris de la foule, du peuple, existe-t-il pire insulte aux autres que les imaginer asservis comme un troupeau, nourri et passif, sous la houlette d’un pasteur? L’empire romain ne s’y trompait pas. Il avait institutionnalisé les jeux, servitude volontaire de la foule des spectateurs anesthésiée par le pouvoir qui pouvait alors régner sans contestation. Encore faut-il préciser qu’à l’époque romaine, les acteurs des jeux (gladiateurs ou chrétiens condamnés) risquaient leur vie.

Et comme aujourd'hui l’empereur venait assister à la finale !

Pierre Boule dans sa dystopie « Les jeux de l’esprit » (1971) soutient que la civilisation a besoin d’une certaine dose de violence assurée par des jeux brutaux et diffusés dans tous les pays : des jeux destinés à rendre de la passion aux foules dépressives voire carrément déprimées.

Plus de 20 siècles après Juvénat et quelques décennies après Pierre Boule ou en sommes-nous ? Sommes-nous, comme la foule romaine, les objets passifs de lobbies qui sont des instruments de pouvoir ? ou bien participons nous à une dépression mondiale qui doit peut-être beaucoup à la pandémie du Covid ?

MB

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