QUELLE UTOPIE ?

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QUELLE UTOPIE ?


L'auteur de ce billet de la semaine est décédé en 2010 dans la nuit du 16-17 juillet. Ce texte était l'idétorial d'un numéro de psychiatrie française consacrée à l'utopie. Il demeure par son actualité une invitation insigne à la réflexion.

II y a un peu plus de deux ans, Jacques Caïn avait été sollicité pour animer un numéro de Psychiatrie Française consacré aux utopies. II écrivait, peu avant sa mort : « Notre revue n’étant pas une revue de phi- losophie, il faudrait afin de ne pas s’égarer, poser les choses tout de suite sur le plan de la psychiatrie. Chacun pourra y aller de son goût ; les plus matérialistes d’entre nous n’auront aucune difficulté à critiquer les positions utopiques de la psychanalyse par exemple, et dans un sens opposé, on aura autant d’arguments. » Pour répondre aux souhaits de Jacques Caïn, ouvrons ce débat.

Si nous rapprochons les topoï de Simonide de Céos, inventeur de la mnémotechnique, les topiques de Sigmund Freud, inventeur de cette « fiction » qu’est «l’appareil d’âme , et les différentes pensées utopi- ques qui courent de Platon jusqu’à nos jours, il apparaît qu’une figuration spatiale est nécessaire pour comprendre le travail psychique.

Les excès de certaines utopies montrent que c’est une pensée risquée, mais aussi une pensée aventureuse, inventive, incertaine. Nous vivons une époque curieuse où l’approche des maladies s’appuie sur des démarches qui se veulent consensuelles, dans un monde dominé par la pensée économique ; s’agit-il d’un moment de notre histoire qui sera jugé comme une utopie ? Les psychiatres restent perplexes devant une telle évolution.

Une opposition, voire une rupture, se constitue entre un domaine où est présente une pensée onirique, une pensée imaginaire plus ou moins ordonnée, parfois même très désordonnée comme dans la mala die mentale, et une pensée plus opératoire, plus rassurante, mais qui risque d’exclure et le monde imaginaire et le malade mental.

II existe donc, d’un côté, une pensée qui croit à la construction de l’être psychique par un travail continu de l’élaboration des conflits et, d’un autre côté, une pensée qui souhaite l’éradication de la souffrance psychique. Quel chemin va inventer la psychiatrie de demain ? Les textes qui suivent ont été écrits en hommage à Jacques Caïn et essaient de répondre à cette question.

Jean-Louis BRENOT

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