SI ON AVAIT SU…

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LE SILENCE DOGMATIQUE DES PSYCHIATRES.
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SI ON AVAIT SU…

Dans de précédentes notes, je me plaignais… je vous plaignais, devant les évolutions récentes de la psychiatrie. Cette dégradation incontestable nous a-t-elle fragilisé ? Entravé nos capacités d’anticipation ? En tous cas, le fait est que nous avons été surpris à au moins deux reprises. En effet, nous sommes restés « baba » devant les conséquences psychiques de la pandémie de COVID.

Pendant des mois, nous avons été bercés par les litanies macabres du Pr Salomon, et cela nous a endormi. Je me suis moi-même étonné car je somnolais devant sa récitation quotidienne de chiffres de morts, des hospitalisés, des personnes en réanimation. Peu de mots sur ceux qui souffraient. Seules des hypothèses causalités étaient avancées. Le poumon était au premier plan : « Le poumon, le poumon vous dis-je » déclaraient les médecins de Molière.

Bien sûr nous avons constaté. Très vite les dommages psychologiques déclenchés par cette maladie, et par la peur de cette maladie. Mais d’abord sur des individus.

Un de nos collègue a avancé la thèse que la COVID était, en soi, un traumatisme psychique. La thèse a été aussitôt controversée par des organicistes. Cependant, il eut pu ajouter que la peur, entretenue au début, de cette maladie contre laquelle on ne pouvait pas grand chose (thème favori des antivax) était aussi un traumatisme psychique. Vivre dans la peur, privé de moyens relationnels de défense, n’est bon pour personne. Voir ses collègues de bureau, d’atelier, ses clients atteints, se savoir « au contact » nous a tous conduit à des pratiques sociales désolantes (le masque n’en étant, à mon sens, que la plus anodine). Ajoutons-y les innombrables enfants et adolescents plus ou moins déscolarisés, avec les conséquences sur leur avenir que l’on peut facilement imaginer. Ajoutons-y les travailleurs à domicile débordés chez eux, et parfois exploités, surveillés comme les ateliers familiaux du XIX° siècle.

Il nous faut donc admettre que nous avons eu l‘immense surprise : un nombre inédit de troubles de troubles psychiques et du comportement. La pandémie virale plus ou moins bien maitrisée (mais qui savait comment faire ?) est devenue une énorme maladie sociale, que nous ne savons pas encore par quel bout prendre. Individualiser conduit au manque de personnel, et de formation de celui-ci. Collectiviser pousse tout droit à des problèmes politiques, idéologiques, et techniques invraisemblables.

Notre seul espoir, agité depuis le début, est que cela redevienne comme avant, sans souvenir, sans trace… C’est un rêve. A chaque catastrophe, à chaque guerre, on rêve de « plus jamais ça ».

Mais c’est peut-être un nouveaux champs de recherche et de réflexions pour une psychiatrie déprimée, une psychiatrie collective (sociale) et une psychiatrie préventive.

S.D. KIPMAN

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