TIC TAC TOC

CORPS DOULOUREUX ET TROUBLE DU SPECTRE DE L’AUTISME
2 janvier 2023
TIC TAC TOC,
28 janvier 2023
CORPS DOULOUREUX ET TROUBLE DU SPECTRE DE L’AUTISME
2 janvier 2023
TIC TAC TOC,
28 janvier 2023

TIC TAC TOC

Nos collègues américains considèrent tout tic comme une maladie des tics, une forme mineure de Gilles de la Tourette. Il y a une Asso-ciation du Syndrome de Gilles de la Tourette, qui tient un stand dans les manifestations scientifiques de psychiatrie. J’ai parlé avec ces patients, et j’ai été étonnée de leur état d’esprit qui correspond à ce que les psychiatres américains appellent « psychothérapie des tiqueurs » : il faut les amener à se résigner à être atteints d’un syndrome chronique et développer leur compliance à un traitement médicamenteux pour toute la vie. Les médicaments sont surtout l’halopéridol ou Haldol, à faibles doses, et la clonidine ou Catapressan (dont la fiche d’informa-tion, en France, ne mentionne que l’hypertension artérielle et non les tics). Comment est-il possible de prendre à longueur de vie ces médi-caments sans effets secondaires ? Il faut se rappeler qu’aux États-Unis, tout est gouverné par le DSM, classification « athéorique », symptoma-tique, et par le contrôle de la pratique par les assurances ; cocher « tic » (ou TOC, ou dépression, ou ADHD) implique la prescription médica-menteuse et le danger d’être poursuivi pour ne pas l’avoir faite.

Au cours de l’étude longitudinale faite sur un échantillon de popu-lation générale non clinique de 66 enfants depuis l’âge de 6 ans [Chi-land, 2], nous avons vu un grand nombre d’enfants avoir de petits tics (clignement d’yeux, froncement du nez, etc.) à la fin de la première année de scolarité obligatoire ou au début de la seconde année, soit vers 6-7 ans. Ces tics ont disparu pour la plupart sans lendemain quand on a réussi à persuader les parents de ne pas attirer l’attention de l’enfant sur ses tics en disant sans arrêt : « Ne cligne pas des yeux », etc. Ces tics surviennent à une période de tension liée à la vie scolaire et à ses exigences. C’est à la même époque que l’enfant commence à dessiner toutes les tuiles du toit de ses maisons avec une minutie qu’on dit « obsessionnelle », terme en fait inapproprié. Les parents trouvent confortable d’avoir tout simplement un médicament à faire avaler à l’enfant, plutôt qu’à chercher comment créer une atmosphère plus détendue dans la vie quotidienne. On a le même problème avec l’insom-nie du bébé, l’énurésie, etc.

Oliver Sacks

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