LES POUBELLES DE MARS

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LES POUBELLES DE MARS


Les poubelles de mars ont envahi les trottoirs de Paris et de bien d'autres grandes villes. L'exposition des ordures ménagères est le propre des villes et la rançon de l'abandon de l’habitat rural.

Un peu d'histoire : Rappelons qu’avant d'être un récipient dédié spécifiquement à contenir les ordures ménagères, Eugène Poubelle est le patronyme d'un préfet de paris qui a laissé son nom à un objet comme avant lui Guillotin, Vespasien ou Begon pour le bégonia, et Amerigo Vespucci pour L’Amérique et d'autres…

Son décret de mars 1883 concerne I 'obligation d'utiliser des récipients spécifiques pour les ordures ménagères, récipients non calibrés non nommés au départ et qui bientôt emprunteront son nom « poubelle ».

Les poubelles de mars sont un très faible écho de ce qu'était l'état des rues parisiennes dans les siècles passés.

Pendant longtemps, les Parisiens ont jeté leurs déchets sur la voie publique ou dans les fossés. C'est même grâce à ces déchets, trésors habituels des anthropologues, et qui se sont fossilisés, que l'on peut reconstituer les modes de consommation des Parisiens depuis deux mille ans.

Lutèce viendrait de « lutum » qui signifie ordure, saleté. La ville de l'époque romaine n'a pas bénéficié du génie urbanistique de ses colonisateurs. La concentration humaine y multiplie la quantité et la nature des déchets : détritus alimentaires, excréments, eaux usées, boues…

Au Moyen Âge et encore après, les rois de France tentent de mettre de l'ordre, demandant aux citadins d'endosser les rôles du balayeur et de l’éboueur. Sans succès. Les villes restent sales. Philippe Auguste ordonne de paver la plupart de ses rues dans un but d'assainissement de la ville et de permettre l’écoulement des eaux usées qui tendaient à stagner.

Plus tard les édiles proposeront conjointement le ramassage des ordures et l’éclairage axial des rues mais au prix de frais exorbitants qui enterreront cette ordonnance pour longtemps. Les Parisiens préfèrent les ordures à ciel ouvert et cohabitent sans protester avec elles.

A la Révolution, période de règlements civiques, une ordonnance de police impose en 1799 aux propriétaires et locataires parisiens de balayer chaque jour devant leur porte.

Arrive enfin en mars 1883 une taxe spécifique « balayage », et l’ordonnance Eugene Poubelle. Signalons qu’elle est contemporaine des découvertes de Pasteur, décisives dans l'histoire de l’hygiène. C’est aussi la période des grands travaux, entrepris par le baron Haussmann, qui transforment définitivement le paysage urbain parisien.

L’accumulation des ordures a un effet inesthétique et engendre aussi la peur des rats.

En réalité, indépendamment de toute grève exposant les détritus à la vue, la présence des rats est avérée à Paris. Près de 5 millions de ces petits mammifères prolifiques cohabitent pacifiquement et vivent une existence parallèle avec les Parisiens ; soit 1 ou 2 rats par personne. Leur nuisance est essentiellement phobogène. Seuls les égoutiers sont exposés à la leptospirose dont le traitement est efficace.

Au total les poubelles de Mars sont inesthétiques, certes, elles choquent les Parisiens, elles découragent peut-être les touristes ; la réputation de la ville en prend un grand coup. Paris, ville déjà obscurcie par les économies d’éclairage, n’est plus la ville lumière, superbe, que nous aimons.

Mais préférons les » poubelles de mars » aux « Ides » du même mois, de sinistre mémoire, les Ides de Mars, synonymes d’assassinat politique -celui de César- que personne ne souhaite évidemment.


M.B

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