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La notion d’ « appareil » « psychique ». Étude critique
L’idée directrice que nous proposerons dans le présent article a pour horizon l’interrogation suivante : Comment, quelles approches, originellement accessibles, peuvent nous « ouvrir » à l’existence de ces malades étranges, étrangers quelquefois à eux-mêmes, que sont les patients intitulés malades mentaux.
C’est cette perspective qui oriente la présente réflexion. C’est la raison pour laquelle, cette dernière tente de thématiser une compréhension différente de l’appareil à influencer décrite par V. Tausk. Notre démarche psychiatrique est proche de V. Tausk, car elle s’appuie sur les enseignements de la psychanalyse. Notre interrogation est différente de celle de V. Tausk, car elle ne s’intéresse pas à la signification imaginaire de l’appareil à influencer.
Une découverte dont je ne doute pas de l’importance, comme je l’ai montrée au cours de la présentation de la communication de Victor Tausk (3).
V. Tausk est un psychanalyste talentueux. Il s’interroge sur la « composition » de l’appareil à influencer ; ce dont Henri Ey(5) admet la réalité pour de nombreux patients schizophrènes. Ce psychanalyste d’exception que fut V. Tausk, élucide l’assemblage délirant de l’appareil : celle du corps du patient et de l’organe génital. Cette disposition est celle d’une configuration symbolique-imaginaire. Les précisions de Tausk proviennent d’une part de la clinique psychiatrique classique, dont il souligne selon moi avec raison l’insuffisance ; puis son discernement interroge la théorie psychanalytique. V. Tausk à partir de la signification délirante, imaginaire-symbolique de l’appareil qui est une véritable découverte, propose au Maître (5), une réflexion théorique. Il étudie ainsi le destin de la libido, la redoutable question des pulsions et du narcissisme ; l’identification et l’impossible projection idéale symbolique du corps dans l’espace d’une représentation.
Les enjeux théoriques proposés par Tausk présentent un intérêt très important. Ils étonnent par leurs intuitions exceptionnelles et par la modernité des questions qu’ils soulèvent. Ils ont par exemple, un grand intérêt pour la conception du narcissisme. Ces réflexions sont d’emblée théoriques, demeurent théoriques et restent théoriques. Ce n’est pas leur justesse qui pose problème. D’une certaine façon, certains développements théoriques sont importants et sans les précisions de Tausk et les critiques ultérieures de Freud, je ne pourrais pas entreprendre une démarche différente.
Il existe actuellement deux psychiatries : celle qui se fonde totalement sur des réflexions théoriques et une psychiatrie qui se détermine en présence de la personne du malade. Notre démarche est proche de cette dernière. Nous pensons qu’il existe une urgence dans le domaine de la psychiatrie quelle que soit sa référence à un corpus théorique (6) : celle de ne plus interpréter toute connaissance à partir d’une modification de notre jugement. Le terme de « jugement » a une connotation essentiellement morale. C’est trop peu accorder à ce terme. Le jugement que nous évoquons signifie qu’une chose est ou n’est pas ou bien qu’elle est d’une façon et non d’une autre.
En effet, notre discernement est conduit par ce que nous cherchons à constituer. Toutes les recherches, les observations en psychiatrie, biologiques comme les psychos dynamiques, interrogent la pathologie mentale. Ces différents travaux souhaitent dévoiler les étiologies, la pathogénie, les conduites thérapeutiques. La psychiatrie (7) suppose qu’elle doit pour cela, s’insérer dans une science ou des sciences bien situées dans le savoir. Ce qui est alors visé, c’est la recherche d’une exactitude et d’une évidence selon des lois et des règles universelles qui ont été établies par ce que nous intitulons hâtivement les « sciences dures ». Notre discernement cherche à écarter ce qui ne s’accorde pas à un degré de certitude absolue. Nous évoquons un « être » humain privé de sa raison. Mais en fait, notre façon de penser nous évite de le rencontrer ; car notre perspicacité est guidée par le préjugé que nous ignorons : celui d’une science psychiatrique qui doit pouvoir être sous la dépendance de la science mathématiques (8). Cette dernière est l’étalon de toute science. La science est organisée par des règles, des lois, des principes qui appartiennent à toutes les sciences de la nature. Les méthodes psycho-dynamiques tentent toutes de s’affranchir d’une telle dépendance. C’est là une des raisons de leur rejet par des scientifiques, des médecins, dont la compétence ne saurait être mise en doute. Mais nous devons admettre que cette préstructuration de notre discernement, se déploie aussi dans les différentes options psycho-dynamiques que nous utilisons. Toutes nos recherches, toutes nos réflexions sont conçues selon un horizon où « l’idée de science embrasse tout ; pensée dans son achèvement idéal, elle est la raison même » (9). Selon mon point de vue, la psychanalyse comporte un risque analogue. Les psychanalystes sont eux aussi habités par cette recherche d’un « désir » de science qui chez certains se transforme en « désir de faire science ». Ce risque est lié pour une partie à l’idéal du fondateur de la psychanalyse, qui par sa métapsychologie a tenté de réaliser l’idéal scientifique qui jalonnait son génie.
Ces remarques me conduisent à préciser sommairement une perspective différente. Un horizon qui se dérobe comme tout horizon à mesure que nous avançons.
Lors des lectures successives de « L’appareil à influencer du schizophrène » une interrogation m’est apparue.
Tausk, du moins dans sa conférence, ne semble guère intéressé par le fait que sa patiente, dès le troisième entretien, ne souhaite plus lui parler ! Peut-être le fût-il d’ailleurs ! Mais la discussion théorique ignore partiellement, mais principalement, comment le patient « est » avec cette machine, comment il existe lorsqu’il nous parle en étant absent à lui-même. Cette lacune agit comme un a priori. Tausk nous montre clairement une attitude, ou plus exactement une contre-attitude de base lors de son dialogue avec Natalia : « En attendant je me trouve dans la situation du bactériologiste qui reconnaît bien les diverses formations pathologiques dans les globules sanguins. » Tausk évoque aussi une conception du développement théorique de l’être humain : « l’homme vient au monde en tant qu’unité biologique. On peut le comparer à la cellule ».
Bref « animal » plus quelque chose, plus le sexuel. Nous sommes en 1918. La notion d’appareil est bien établie en médecine somatique. Et, psychanalyste il accorde crédit à l’existence d’un appareil psychique. Tausk évoque au cours de sa rencontre la science la plus rigoureuse : l’appareil sanguin. Cet appareil (établi par la rigueur de la méthode scientifique) a pour Tausk une valeur supérieure à l’appareil à influencer de Natalia.
Ainsi, en arrêtant sa rencontre avec Tausk, Natalia lui dit sans en avoir conscience, qu’il est devenu un objet d’amour. En effet, comme toutes les personnes aimées et haïes par Natalia, il est lui aussi sous influence d’une machine : « Lorsque je la vis pour la troisième fois, elle se montra réticente et affirma que moi aussi j’étais sous l’influence de la machine. » De même Victor Tausk remarque que se produit « une destruction, une dénaturation de la machine à influencer [...] qui perd morceau par morceau les signes distinctifs de sa forme humaine ». Il n’interroge pas le processus qu’il évoque à savoir : ne serait-ce pas la flambée libidinale effet d’une relation transférentielle qui introduirait le processus de déshumanisation ?
L’expérience limitée que j’ai acquise au décours du traitement de ces patients est la suivante : le psychiatre ou le thérapeute qui débutent le traitement, doivent accorder une même valeur à la croyance du patient qu’à celles personnelles, qu’ils peuvent avoir dans le proche ou le même domaine.
La difficulté provient du fait que ce qui est proposé par le patient est totalement délirant, « en dehors » de la raison. Dans le cas présent, Natalia tente de dialoguer et se heurte implicitement à une forme de refus qui concerne la place de l’appareil dans la conception de Tausk. Pour Freud, Tausk, les premiers psychanalystes ; la science est un idéal à poursuivre car sans elle nous ne pouvons rien comprendre, établir, en termes de diagnostic et de traitement. Tausk n’accorde pas une véritable valeur, un véritable savoir à Natalia. Il ne fait aucune mention de ce que Freud a souligné : le symptôme dans la psychose est une tentative de guérison.
Nous rencontrons ces mêmes préjugés de la part de psychiatres et de psychothérapeutes, de psychanalystes qui s’attachent avant tout à promouvoir silencieusement leurs convictions politiques, idéologiques, ou tout simplement scientifiques. Il est difficile d’éviter les préjugés. D’une certaine façon, il n’y a pas d’avancée scientifique sans préjugé ; mais tout du moins s’efforcer de voir ce qu’ils dissimulent, me paraît nécessaire.
Il est vrai que la science médicale, la psychiatrie biologique a des résultats. Les résultats sont les résultats. Il n’est pas nécessaire de combattre la dictature des médicaments psychotropes que nous utilisons avec certains patients, ni de refuser les résultats de ces molécules, de dédaigner les explications génétiques et biologiques ; pour nous demander si nous pouvons penser les phénomènes psychiques en termes d’appareil, de système, de causalité fût-elle psychique. Le terme d’appareil, de systèmes, appliqués aux globules rouges, aux neurotransmetteurs et aux phénomènes psychiques est probablement aussi loin de la réalité que l’appareil à influencer de Natalia, lorsqu’il est question de la liberté des possibles, d’un être humain.
J’espère avoir montré suffisamment, la perspective au sein de laquelle va se déployer l’idée directrice de cette réflexion.
Nous nous interrogeons maintenant, sur la validité d’une conception de l’être humain, considérée comme un ensemble d’organes-appareils, au service d’une commande centrale. Cette conception demeure implicite, dans les différentes réflexions scientifiques, consacrées à l’existence humaine. Elle témoigne de l’apparition d’un néo-mécanicisme qui se pare de philosophie. Nous voulons tenter de nous éloigner de ces représentations habituelles, souvent scolaires et desséchées, qui ponctuent très souvent la considération des termes Appareil et psychique dans le domaine qui est le nôtre. Il est nécessaire de tenter d’emprunter un autre chemin que celui de la pensée qui guide la méthode scientifique.
Il existe un événement (10) qui s’approprie le corps humain en termes d’appareil et qui accompagne depuis toute la médecine de l’Europe occidentale et peut être le gigantisme des pays industrialisés.
Cet événement qui s’approprie le corps en termes d’appareil, de système, nous est donné par Jackie Pigeaud dans sa communication intitulée L’hippocratisme de Laënnec (11). L’auteur thématise l’invention par Laënnec du cylindre, du bâton : le stéthoscope. Jackie Pigeaud nous invite à considérer que le stéthoscope : « est une machine. [...] Le cylindre, le bâton, le stéthoscope, né, on le sait, dans un geste de pudeur, ne permet pas, comme on le croit souvent, de mieux entendre, mais d’entendre autre chose. En fait, ce bâton est une machine à transformer un organisme en un ensemble physique.
L’oreille appliquée à la cage thoracique était appliquée à la nature, elle était en contact avec l’organisme et fournissait des symptômes ; l’opération, l’artifice du bâton transforme les symptômes physiologiques en signes physiques ».
Jackie Pigeaud nous propose un éclairage décisif : « Laënnec ne veut jamais perdre l’organisme. Laënnec refuse de formaliser les signes de peur de perdre la nature. » Nous prêterons plus comme Jackie Pigeaud à Laënnec, mais d’une façon différente (12). Certes, Laënnec ne veut jamais perdre l’organisme comme nous le propose Jackie Pigeaud, parce qu’il ne veut pas perdre « la nature » (13). Mais aussi parce que Laënnec pressent le risque de sa propre découverte : celui de considérer l’organisme en termes d’appareil, de machine.
En effet, nombreux sont les médecins, les psychiatres, qui considèrent sous l’effet d’un enchaînement causal fût-il aléatoire ou statistique ; l’ensemble des organes, comme des outils. Ces organes-outils sont au service d’une commande centrale de l’organisme. Mais cette conception qui anime leurs réflexions est souvent inconsciente de leur part, ou dissimulée par des positons « humanistes ».
Les résultats considérables de la science les entraînent à suivre avec facilité une pensée technique : les organes de l’organisme humain, sont appréhendés comme des appareils, des outils au service de différentes fonctions. Et nous devons nous interroger :
Ces organes sont-ils des outils certes complexes, mais des outils (14) ? Si tel est le cas, alors l’organisme peut être considéré comme un complexe d’outils sophistiqués, organisés, ordonné selon un plan d’ensemble qui conduit à la notion d’un organisme-machine.
Évoquons pour illustrer cette interrogation : un appareil et un organe. Le rein artificiel et le rein transplanté.
Le rein artificiel peut être utilisé par plusieurs personnes à la différence d’un organe comme l’œil par exemple, qui ne peut être utile qu’à l’organisme qui le possède. Le rein artificiel est « fabriqué » par une activité extérieure dont Heidegger souligne que le « plan est déterminé d’avance » par l’utilité (15). Le rein artificiel est convoqué afin de réaliser une prestation pour suppléer au rein endommagé.
Le rein transplanté, semble apparemment posséder les caractéristiques du rein artificiel : N’est-il pas convoqué afin de réaliser une prestation pour remplacer le rein endommagé ? Et, rétablir les fonctions rénales ? Nous ne nous attarderons pas sur la différence entre l’incorporation d’un organe à un organisme et la construction d’une chose ; ce sont des différences qui ne vont pas à l’essentiel.
Le rein transplanté s’il n’est pas rejeté, s’il est effectivement intégré à l’organisme, deviendra apte à exercer la fonction rénale que lui confie l’organisme. L’organisme le rend apte à exercer la fonction rénale. Les problèmes immunitaires qui furent des obstacles à la transplantation rénale nous montrent que le rein-organe en vue d’une transplantation, n’était pas prêt, achevé. Ce qui est très différent d’avec le rein artificiel qui est achevé, fin prêt.
Le rein artificiel est un outil, c’est-à-dire achevé, prêt pour servir.
Le rein transplanté s’il n’est pas rejeté, est au service d’une aptitude que l’organisme possède (16).
Il nous est possible maintenant de bien saisir l’importance de la différence entre être au service de... Et, avoir une aptitude...
Les organes ont des facultés parce qu’ils appartiennent à l’organisme : « en revanche l’outil exclu, par essence une appartenance à autre chose, au sens où ce serait une appartenance qui lui donnerait le caractère d’être apte » (17).
Ce sont les organes qui s’adaptent ou pas à l’aptitude que possède un organisme. Par exemple, dans la cécité hystérique il existe bien chez le patient un « appareil visuel » qui n’est le siège d’aucune lésion. Mais le patient ne « voit » pas. Les neurologues, les ophtalmologues qui restent empêtrés dans des théories au demeurant confuses, ne pourront qu’évoquer la « simulation » du patient ; ou bien dans le meilleur des cas seront évoqués les troubles fonctionnels.
La conception que nous pouvons avoir de ce que possèdent tous les êtres vivants, c’est-à-dire un organisme, est donc extrêmement importante. Cette dernière question demanderait un développement conséquent (18). Mais nous devons revenir à la frontière qui trace notre propos. Il est probable que pour certains médecins et scientifiques, ces réflexions sont moins importantes que les découvertes et l’extraordinaire sûreté de la science médicale. Mais nous pouvons nous diriger avec quelque assurance vers une affirmation : il n’est pas adéquat de concevoir l’organisme comme un complexe d’outils. La nature de l’organisme ne peut être celui d’une machine. C’est bien cette observation que font les scientifiques d’un certain rang. Ces chercheurs qui font autorité dans leur domaine et pour certains et non des moindres dans le domaine culturel et politique, tentent de sortir d’une vision mécanique de l’être humain.
Chacun y va de son philosophe, de Levinas à Spinoza, de Kant à Hegel, etc. Ces chercheurs semblent ignorer qu’en mettant leurs pas dans ces systèmes métaphysiques fermés sur leurs principes ; ils raisonnent par analogie et pratiquent ainsi une philosophie de « survol » (19).
Il faut reconnaître (entre autres !) à Henri Ey d’avoir introduit la dimension vitaliste dans le domaine de la psychiatrie. Il a tenté par une conception vitaliste de l’être humain, d’arracher la psychiatrie à une pensée technique et mécanique. Ce fut et c’est encore un progrès décisif par la dimension dynamique, vitale, qui anime ces impressionnantes descriptions sémiologiques et la compréhension du trouble mental. Ce « mouvement » des symptômes, de leurs compréhensions dynamiques et son combat contre le mécanicisme affirmé par de Clérambault, représente un pas décisif.
Mais ce progrès est aujourd’hui balayé, occulté, étouffé, par le néomécanicisme qui parcourt toutes les sciences humaines. La psychanalyse, malgré la percée lacanienne (20), n’échappe guère à ce mouvement. Parmi toutes les causes qui président à ce recul, le vitalisme est impuissant car il ne se sépare pas de manière décisive du mécanicisme. Le vitalisme suppose une force qui régit tout l’organisme. Il est de fait un supra mécanisme : « puisqu’il présuppose qu’il y a du supra mécanique dans le vivant, ce qui n’est possible que sur le fondement même du mécanisme »(21).
Ce néo-mécanisme ficelle la réflexion et le « pressentir » des cliniciens. Ces théories, ces modes d’approche sont affublés d’une teinture philosophique dérisoire, mais certifiée par l’autorité de chercheurs véritables et qui excellent dans leur domaine. Ailleurs, les réserves humanistes pavent l’enfer des bonnes intentions. Les psychiatres psychanalystes de ma génération ont assisté et assistent à ce ravage qui dirige des conduites thérapeutiques, dont l’absurdité ne persiste que de la cécité de leurs promoteurs. Toutefois, je dois reconnaître que même les psychanalystes, sont au fond d’incorrigibles mécanicistes, matérialistes, même s’ils se gardent de dépouiller l’animisme du processus primaire.
La psychiatrie est littéralement enfermée par une pensée, selon laquelle la pathologie mentale serait expliquée psychologiquement, anthropologiquement, biologiquement dans sa provenance. La succession causale des états et des propriétés prévaut et s’impose comme l’essentiel.
Résumé
L’auteur examine dans la première partie de cet article, comment à partir de la découverte de V. Tausk, un préjugé scientifique peut venir fermer la possibilité d’un dialogue avec un patient délirant et influencé. Dans la deuxième partie, il étudie l’inadéquation d’une conception mécaniciste de l’être humain ; inadéquation apparemment admise, mais en fait toujours présente.
Alain KSENSEE
Docteur Alain Ksensee, Psychiatre des hôpitaux, Ancien chef de service, “Full member API”, 26 rue de Bièvre.
Bibliothèque : Psy-Fr N°3 2018 21-30
Notes de l’auteur
- Cet article est le huitième qui étudie l’errance sémiologique de la psychiatrie moderne. La première étude provient d’une correspondance de Georges Daumézon publié dans la revue en 1994.
- Cet oubli fut étudié de manière magistrale par Martin Heidegger. Je la reprend et l’insère de manière plus que contestable dans la région scientifique qui est celle de la psychiatrie. L’oubli de l’Être est l’errance de la psychiatrie moderne.
- Psy-Fr N°3 2018 Pp 5-19
- Henri Ey cite de nombreuses fois dans son traité des Hallucinations V. Tausk. Il consacre dans le deuxième tome de son étude magistrale consacrée à la signification symbolique de l’hallucination, une part importante à la réflexion de Tausk.
- Tausk expose son travail en 1918 à la Société Psychanalytique de Vienne en présence de Freud. Ce dernier critiquera en « privé » les propos théoriques de Tausk ; à la différence de la conférence de Tausk sur la mélancolie pour laquelle Freud le félicita et s’inspira très certainement de Tausk dans son génial écrit intitulé Deuil et Mélancolie.
- Corpus biologique, psychanalytique, anthropologique, sociologique, philosophique, etc.
- Ces remarques avec quelques modifications probables sont valables pour la psychologie.
- D’où les protocoles, le chiffrage, les statistiques et les articulations impossibles entre le médicament et la parole du malade.
- Husserl. La philosophie comme science rigoureuse. Traduction française, p. 22, Paris, PUF, 1989.
- Il s’agit d’un événement qui appartient au domaine de la médecine et qui concerne ce domaine. Mais il appartient peut-être à un événement plus vaste qui intéresse la condition humaine.
- Jackie Pigeaud, L’hippocratisme de Laënnec in Bulletin de l’Association Guillaume Budé, no 3, octobre 1975, p. 357-363.
- Pour Jackie Pigeaud, Laënnec fait une erreur en prêtant plus à Hippocrate qu’il ne le dit dans le chapitre 1 de L’Ancienne médecine. La démonstration de Jackie Pigeaud est pertinente.
- Qui est pour Laënnec le recours à la transmission telle qu’Hippocrate l’affirme au chapitre I de L’ancienne médecine.
- Il nous semble indispensable de proposer au lecteur la lecture des paragraphes 51 à 53 in Les concepts fondamentaux de la Métaphysique, 548 p., édit. Gallimard, 1992. Heidegger a toujours refusé que l’on considère son œuvre comme un système métaphysique. Ce que son œuvre n’est pas de manière incontestable jusqu’au « tournant » où la dimension prêtée à l’Être peut évoquer, pour certains un système métaphysique.
- Ibid., p. 317.
- Ibid., p. 336.
- Ibid., p. 325.
- Le développement serait à la fois philosophique et anthropologique.
- Merleau-Ponty évoquait une pensée de « survol ». Ce qui n’est absolument pas le cas d’Henri Atlan qui utilise la pensée de Spinoza pour penser les différences.
- À ces débuts l’œuvre de Lacan tente d’endiguer un reflux pressenti.
- F. Dastur, Heidegger et la question anthropologique, p. 52, édit Peeters, Louvin, 2003. Voir aussi : Martin Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique, p. 381, Gallimard Édit., 1992, 548 pages.