DE L’ARTIFICE DE L’INTELLIGENCE AU NARCISSISME DES PETITES DIFFERENCES

DE L'ARTIFICE DE L'INTELLIGENCE AU NARCISSISME DES PETITES DIFFERENCES

Dans un monde qui ne se regarde plus, mais plonge ses yeux énamourés dans l’écran fascinant de son appendice manuel, le film « je verrai toujours vos visages », nous enjoint délicatement à porter regard sur l’autre, dans sa différence au-delà de nos certitudes.

Tenter de voir l’autre comme on ne l’a jamais regardé, en faisant fi de notre propension cérébrale à catégoriser et à juger.

Le « je sais qui tu es sans t’avoir rencontré » nous écrase, nous enferme, cristallise nos haines.

Les conflits de naguère et d’aujourd’hui se nourrissent grassement de ces mal écoutés.

Qu’il est bon de se retrouver idiot devant les choses, de s’étonner de l’autre dans une curiosité gourmande.

Mais qu’il est difficile de penser hors de soi dans le règne de l’IA où les algorithmes nous condamnent à fabriquer du même.

Les idéologies asservissantes engendrent un entre soi qui s’enorgueillit d’être lui. L’humain n’aime pas être contredit. Il s’abreuve jusqu’à plus soif de lectures congruentes à sa pensée.

Tocqueville percevait la menace des « petites sociétés », celles qui défendent les mêmes valeurs plus importantes à leurs yeux que le contrat social.

Or la pensée se met en mouvement quand elle est bousculée, contredite et la vie ne s’est poursuivie que grâce au disparate, au bigarré, au panaché.

Dr. Céline MENDAK