UN PIETON A PARIS

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Ce sont les vacances alors les billets aussi sont partis..!
Nous n'aurons qu'un seul billet par mois mais tout le monde revient en septembre ! Très bonnes vacances à chacun !


UN PIETON A PARIS


Historiquement, l’espace public est un espace partagé. Véhicules et piétons y sont répartis entre chaussée et trottoirs qui, eux-mêmes engendrent le caniveau où s’écoulent les eaux. Défini par la limite du domaine privé, l’espace public permet la circulation, engendre les alignements de rue et distribue les adresses, accueille mobilier urbain et plantations d’alignement sans usage programmé, sans discrimination des usagers.

Dans les années 2000, la ville de Paris a lancé un nouveau concept sur les voies publiques :
« Les espaces civilisés sont en premier lieu des espaces où les surfaces sont reparties équitablement entre les différentes fonctions et catégories d'usagers (…) où cohabitent en bonne harmonie et dans les meilleures conditions de circulation et de sécurité, les différents modes de déplacements. (…) » (1)

La rue de Rivoli-Vélo en est aujourd’hui l’emblème : Au mépris de l’harmonie énoncée, la guerre de civilisation déclarée aux automobiles dessine des tranchées et construit la ségrégation des déplacements entre des kilomètres de frontières.

La chaussée est ainsi découpée en pistes séparées où bordurettes, bornes et massifs assurent le tracé de corridors étanches et imposent la contrainte. Sous l’autorité déclinante de feux de signalisation démultipliés par catégories, une signalétique bavarde distribue les privilèges.

Chaque usager y devient prioritaire, roi dans son boyau, protégé des incursions de tous les autres, renforcé dans sa sécurité, ses droits et ses libertés. Pourtant chaque croisement met en crise, par définition, les voies parallèles donc la coexistence des catégories d’usagers ; il en crée autant de lieux de conflits.

Dans ce collage d’intérêts privés, les espaces civilisés fabriquent, en fait, des mondes qui s’ignorent : les préséances installent, en ville, la même convivialité que celle des assemblées de copropriétaires… Violences verbales, menaces, accrochages et au-delà sont le lot de ces espaces …civilisés.

Ennemis de tous les adeptes du déplacement en ville, les piétons sont les boucs émissaires de ce dispositif. Chaque automobiliste, chaque utilisateur de deux roues et de transports en commun n’est-il pas pourtant, à son tour, un piéton civilisé qui s’ignore ?


Francis NORDEMANN

Architecte urbaniste
Professeur Emérite des ENSA


Notes de l’auteur
  1. site paris.fr

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