MEDITATION
24 septembre 2023LE GESTIONNAIRE PRUDENT ET LE MILITANT INTREPIDE
6 octobre 2023HPI, TDH, TSA : LA DANSE DES ACRONYMES
En tant que pédopsychiatre, pas exclusivement, je reçois quotidiennement une demande voire un appel à l'aide d'une mère pour son enfant en mal de trouver un spécialiste de cette discipline. On ne saurait le répéter, il a une carence de soins en pédopsychiatrie…
« Mon fils est TDAH », « ma fille est HPI », « le CMP m'a adressé chez vous car mon fils n'est plus suivi au CAMPS (Centre d'action médical soins précoces) et il a besoin d'un psychiatre car il est TSA ».
J'avoue qu'il m'a fallu du temps, bien que je connaisse ces acronymes, moi qui suis un des derniers des Mohicans de la génération des Psychiatres précédents, pour m’habituer, à me familiarise à ce que les parents désignent leurs enfants par cet acronyme, qui résonne comme un nom. J'ai, par curiosité, demandé à un parent de quoi cet acronyme était le nom. Certains parents ne le savent pas.
J'étais plutôt habitué à une demande, autour d'une description des troubles de l’enfant et leurs conséquences, dans la vie quotidienne. Que s'est-il passé pour que cette nouvelle familiarité du diagnostic sous forme d'acronyme, gagne les familles ? Beaucoup de choses..., nous ne pouvons les énumérer ici.
HPI haut potentiel intellectuel. Ça fait chic, c’est le VIP des troubles de l'apprentissage. Mais ce qui se cache derrière cet acronyme, c'est parfois une souffrance importante d'un enfant en échec dans son environnement scolaire et relationnel et dans l'acquisition des apprentissages. Il est vrai que si les parents désignent les troubles de leurs enfants par cet acronyme, c’est que cela leur a été déjà transmis par le lieu de soins où l'enfant a été suivi.
Il y a une évolution des pratiques, de l'écoute et de la prescription, de la part de la nouvelle génération de Psychiatres par rapport à ces troubles, que la classification DSM a bien relayée.
Désigner les troubles de leurs enfants par cet acronyme, permet parfois aux parents de se distancer, par rapport au ressenti douloureux et culpabilisant qu'ils éprouvent, mais aussi de confier clé en main le diagnostic et le traitement aux neurosciences…
Le Haut conseil de la famille et de l'enfance fait état d'une augmentation de prescription d'antidépresseurs anti psychotiques aux plus jeunes entre 2014 et 2021. La consommation des psychotropes chez l'enfant et l'adolescent a augmenté de 48,54 % pour les anti psychotiques, de 62,58 % pour les antidépresseurs, et de 78,07 % pour les psychostimulants (source : Le Point du 18 mars 2023. Article de Caroline TOURBE).
J'ai donné à ce billet d'humeur le nom de danse des acronymes, car lorsque j’entends HPI au téléphone avant même le prénom de l'enfant, la première association qui me vient me fait sourire, c'est celle de la danse HIP HOP.