LA DIFFERENCE ENRICHIT

LA DIFFERENCE ENRICHIT

Je rentre du Japon, en fait, émerveillée devant ce pays qui a fait le grand écart à partir de l’ère Meiji (1868), grand écart entre la Noblesse du Shogunat et sa disparition lors de l’ouverture du pays à l’occident et au modernisme.

Aujourd’hui, le thé reste très important au quotidien dans la vie des japonais, qu’il soit vert ou « macha » plus amer, plus riche ; la cérémonie, elle, a disparu. Les jeunes ont adopté les vêtements fantaisistes mais gardent l’art du kimono pour certains grands moments de la vie...

Ce qui reste : l’art du raffinement, cette détestation d’être bruyant, de se faire remarquer, cette coutume de baisser les yeux (par respect pour l’autre), cette obéissance aux Lois (venez traverser le carrefour de Shibuya à Tokyo, vous allez vite comprendre, ou allez prendre le « Shinkansen », quand vous devez laisser sortir de ce train mythique et y entrer… en moins de 3 minutes !

Tout cela n’empêche pas la population de s’adapter à l’étranger d’abord parce qu’elle fait avec lui, ce qu’elle fait avec sa communauté : l’entraide, et parce que ce pays qui est longtemps resté refermé sur lui-même, a appris à regarder ce qui ne lui ressemble pas, sans le rejeter et sans pour autant l’adopter.

Moi, c’est sûr, je me sens plus riche de toutes ces différences, un peu perdue dans ce qui pourrait apparaître comme un vrai clivage (il n’y a qu’à regarder ce qui constitue les Musées uniquement remplis des objets de la culture passée – armures de Samouraïs/kimonos d’apparat -, ou bien les multiples temples ou sanctuaires, le tout comparé à certains lieux d’exposition ou de festivals (chars et énormes masques multicolores) de créativité actuelle, à la manière de l’Art des Mangas.

La question se pose vraiment : entre les deux ? un fossé béant rempli de questions qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’énigme du traumatique ????

Mon ressenti demeure clair : je ne me sens pas menacée par une volonté de me convaincre ou de me dominer ; est-ce pour cela que je me sens différente mais enrichie ? Enrichie par mon besoin de comprendre une histoire géopolitique, culturelle et humaine en fait extrêmement complexe.

Dr M. Evrard