LES PSYS PEUVENT-ILS ENCORE ETRE HUMANISTES ?

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LES PSYS PEUVENT-ILS ENCORE ETRE HUMANISTES ?

 

Nos confrères médecins somaticiens, grâce notamment à l’évolution des examens exploratoires, ont rangé au placard la longue et minutieuse observation du malade et ainsi ont gagné leurs galons scientifiques dans un monde moderne et efficace. Il fallait rapidement remédier aux difficultés des psychiatres qui ne pouvaient que rarement s’appuyer sur cette imagerie perfectionnée. Le DSM semble l’instrument de rechange recherché précis classificatoire, symptomatique qui autorise la mise au rencard des causalités dynamiques passées. Si elles existent encore elles perdent leur utilité.

L’objectivité maintenant associée à l’intelligence artificielle et aux recherches cérébrales donne ses premiers galons aux psychiatres du futur.

Nos gouvernants enfin s’y retrouvent et peuvent à leur tour organiser et financer en séparant le bon grain de l’ivraie. Les cas graves d’un côté et le traitement de tous les symptômes de l’autre avec une espèce de classement des praticiens qu’ils soient médecins psychologues et psychothérapeutes.

Nous pouvons être rassuré les sciences et l’économie trouvent un langage commun. Le pas est alors vite fait vers une normalité sociale qui se veut inclusive. C’est précis : nous sommes des personnes porteuses d’un handicap. La normalité existe bien. Depuis l’enfance nos patients ont un trouble neurodéveloppemental en « dys » ou un TSA ou une dépression potentielle. La prescription pharmacologique y gagne, les rééducations, les remédiations cognitives et toutes les propositions adaptatives. Il ne s’agit pas de condamner certaines de ces propositions de traitement mais de remarquer une grave erreur d’orientation de la psychiatrie qui devrait se désintéresser de l’intériorité du conflit psychique et de la quantité considérable de difficultés des Gens.

Cet ordre quelque peu effrayant ne semble pas choquer tellement car il est habillé de sécurité et de difficultés financières. Mais où est la personne dans son entièreté ? Exemple : l’école, qui préoccupe tant par ses résultats médiocres bien qu’elle ait des enseignants de qualité. Nos enfants doivent s’adapter à l’école pour y être inclus. Le choix a été d’inverser la proposition précédente qui était l’école doit s’adapter aux difficultés des enfants. Le contrôle continu est plébiscité alors qu’il pénalise les moments de difficultés plus ou moins longues personnelles et amoureuses rendant l’étude difficile pour les choix futurs dans le système informatique Parcours sup.

L’absence de prévention véritable des troubles, la sous-évaluation des difficultés psychiques de notre population à tous âges, l’absence de liens entre tous les déséquilibres sociaux , personnels et notre profession , sont très inquiétantes. Cette seule voix dominante est très négative. Les mots et les choses n’ont pas une vérité unique mais plurielle. Le paysage psychique et l’environnement sont nécessaires à la compréhension d’un mot ou d’un symptôme. Soyons pluriels.

 

Dr Yves MANELA

- Psychiatre

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