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Avec son beau film, « Perfect days » Wim Wenders réalise un exploit artistique : transformer la commande d’un documentaire d’une série de saynètes élogieuses sur la qualité architecturale des toilettes publiques et la maitrise de l’hygiène de la ville de Tokyo, en un film poétique.
Les toilettes de la ville sont, à juste titre, célèbres et leur design a été couronné par le grand prix international d’architecture Pritzker en 2014. Wenders lui-même les avait admirées lors de son dernier voyage.
Il faut dire que ces lieux d’aisance avaient été programmés pour accueillir les visiteurs des jeux olympiques de 2020, JO qui furent annulés en raison de la pandémie. Sans humour, les business men (dont le fils de la célèbre marque Uniqlo) qui les commandèrent à des architectes japonais de renom, entendaient à travers ces « bijoux » d’architecture, montrer au monde une partie de l’art de vivre à la japonaise.
Wim Wenders relève le défi et construit un film magnifique, centré sur la vie quotidienne du préposé au nettoyage des dites toilettes. On reconnait aussi la « patte » du fameux « road moviste » de « Paris Texas ». Il nous promène dans une ville somptueuse cernée de boucles d’autoroutes et de quais maritimes et surtout il nous attache à la personne de l’employé au nettoyage quotidien, magnifiquement interprété par Koji Yakusho.
Ce personnage solitaire mène une vie spartiate et répétitive, dédié à sa tâche quotidienne qu’il exécute avec minutie et de bon cœur. On devine qu’il a eu une vie avant les toilettes publiques, qu’il aime la poésie et la nature, qu’il a un père qui ne veut plus le voir, une sœur fortunée et une nièce qui égaie quelques jours, son austérité nettoyeuse.
Et c’est le grand art de ce film magnifique de nous faire rêver à la « vraie » vie de cet homme silencieux. Il cache un secret sur lequel on ne peut que spéculer : condamnation à des travaux d’intérêt généraux (l’analogue de nos TIG et on sait quel point le droit japonais est proche du notre).
Auto condamnation volontaire, masochiste, à une tâche ingrate après un « crime » non explicite ??
Peu importe il est bon qu’un film ne dise pas tout et que le spectateur sorte de la séance avec des hypothèses et surtout avec le spectacle de la paix intérieure qu’il nous donne en partage.