PRESCRIRE VERSUS ECOUTER

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PRESCRIRE VERSUS ECOUTER

 

A nous, la parole, à vous les médicaments.

Voici une note d’humeur, une note d'humeur pourquoi ? En tant que Psychanalyste et Psychiatre, j'appartiens à la génération précédente ; ceux qui ont été formés à la psychopathologie avec ou sans psychanalyse. C'est ce qui d'ailleurs, nous avait attirés dans le choix de la psychiatrie.

Nous pratiquons la psychiatrie, accompagnée d'une pensée psychopathologique, concernant le sujet qui vient nous consulter ; c'est comme ça c'est un état d'esprit, une façon d’être. L'esprit psychanalytique ne nous a pas quittés ; Aujourd'hui, avec l'évolution des neurosciences, l‘évolution des mentalités aussi, le tout « tout de suite », le recul de la psychanalyse, nos jeunes collègues beaucoup, beaucoup d’entre eux en tous les cas, ont été d’avantage formés à la prescription pharmacologique, qu’à l'écoute du patient.

Beaucoup de nos jeunes collègues évaluent les symptômes et proposent un traitement en rapport, et le plus souvent jugent de l'évolution du patient en fonction du traitement donné. Or, l'expérience montre que l'évolution du patient est fonction du traitement, mais également de l'écoute et de l'interaction de cette écoute, avec le patient. Pour faire simple, enfin, pas si simple que ça, cela s'appelle travailler avec l’inconscient.

Le nombre de psychologues, sur le marché, est croissant, le nombre de Psychiatres est décroissant, d'autant plus qu'ils ne sont pas formés à la Psychanalyse, ni à la psychopathologie, ni à l'envie d'écouter leurs patients. Contrairement a jadis, les patients s’adressent le plus souvent au psychologue de première intention. Et les psychologues nous adressent les patients dès qu'ils jugent de l'indication d'un traitement. C'est l'inversion des processus. Pour les Psychiatres qui ont été formés à l'écoute et à la psychopathologie, c’est un peu troublant de voir le patient arriver avec les conseils du psychologue en vue d'un traitement. Qu’ont fait nos collègues, jeunes Psychiatres, pour que les choses s’inversent ainsi : « A nous la parole » pourraient dire les psychologues, « à vous le traitement », donc, au Psychiatre de prescrire un traitement.

C’est assez interrogeant de prescrire un traitement sur ordonnance du psychologue, simplement sur la base des symptômes et non sur la base d'une écoute psychopathologique du patient et de son histoire. Car autre fois, il n'y a pas si longtemps, une génération environ, les Psychiatres prescrivaient et écoutaient. On peut faire les deux dans le cas de la psychothérapie, mais moins dans le cas de la psychanalyse proprement dit. De plus, l'expérience montre que les psychologues qui n'ont pas la même formation, n’ont pas l'expérience de la prescription au moment opportun, c’est à dire lorsqu’elle s'impose quand la souffrance du patient relève en partie de la chimie. Car il y a de la chimie dans le corps. Qu’ont fait nos jeunes collègues pour que les choses soient devenues ainsi clivées et inversées aujourd'hui ? Je crains que l’évolution n’aille dans ce sens de façon irréversible…

 

Docteur Denis BENSOUSSAN

 - Psychiatre Psychanalyste

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