GASPARD DE LA NUIT – Commentaire par le Dr Alain KSENSEE
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La santé sera une priorité, a déclaré notre nouveau premier ministre, en quête d’un gouvernement… et pourtant il prend du temps pour réciter son programme… dont on ne sait pas encore s’il est âprement discuté en secret ou savamment caché, pour éviter toute discussion préalable, dans un pays politiquement ingérable.
La question, me semble-t-il, est moins de retaper un système de santé bien abimé, paupérisé, épuisé que de le repenser. Mais cela ne peut se faire qu’en fonction de présupposés. Ceux-ci ne sont, dans la bouche de bien des décideurs, qu’économiques, en préservant d’abord les « industries de santé ». Mais pour d’autres, ces présupposés sont humanistes et médicaux… quoiqu’il en coûte, (en monnaie, ou en efforts), Les soignants et les malades ont déjà beaucoup donné, et sont épuisés et éperdus, (voir note en bas de page) et la psychiatrie, et donc aussi les soignants en psychiatrie, sont parmi les plus éperdus, au point qu’ils se détournent de plus en plus de cette spécialité médicale (voir, à ce sujet, les discussions lors de la création du SPF).
La psychanalyse, la sectorisation, les neuroleptiques, ces trois révolutions d’un système médical un peu figé, ont permis de mieux cerner cette spécialité complexe.
Or, on a de plus en plus de mal à dépasser, ou à ne pas revenir à des systèmes de pensée unique, voire de non-pensée tout court, à partir de quoi, certains pensent (sic) pouvoir commander ou organiser. Dès lors, on n’a plus qu’à tenter même pas de reboucher les trous, mais de tenter de s’accrocher – encore un peu, « encore un instant monsieur le bourreau » - à un ilot de soins déserté par les autres, ou dévoyé pour être plus accommodant.
Qu’y faire ?
La plainte ne suffit et ne suffira pas. Quelques sous et quelques postes (qui les remplira ?) non plus.
Alors que faire ? Attendre la catastrophe ou la révolution, en spectateur ; émigrer vers d’autres horizons professionnels, ou rebattre les cartes, et ne pas attendre que les décideurs s’occupent de cette « patate chaude » (comme le disait un politique invité à un de nos anciens colloques), sans pour autant vouloir prendre leur place. Simplement (??) leur fournir un argumentaire étayé scientifiquement, élaboré, pour les aider à faire les choix qui s’imposent à eux, et qui les gênent.
Pour ma part, je suis encore volontaire pour cela, et pour ne plus me dire qu’à mon âge « s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là » (Victor Hugo. Ultima Verba1853 in Les châtiments.)