UN MARIAGE D’AMOUR

UN MARIAGE D’AMOUR

Hôpital St Joseph Paris

Précédée d’un large escalier d’entrée, la cafeteria donne accès aux services hospitaliers.

Depuis peu, un piano en libre-service y est installé, à l’instar d’autres espaces publics comme les salles d’attente de gares par exemple.

Je sors d’une brève hospitalisation et j’attends un ami qui doit me reconduire chez moi.

Devant le piano, un jeune garçon, 18 20 ans peut-être, chétif, brun et vêtu d’un pauvre pardessus noir.

Il cherche des notes sur le clavier, maladroitement et je reconnais les premières mesures de « mariage d’amour » dit encore « Springwaltz » de Chopin.

Je m’approche, je l’écoute et j’ose lui suggérer que le déchiffrement serait plus facile avec une partition.

Il ne sait pas lire la musique. Il m’explique qu’il n’a pas de piano chez lui mais vient ici chaque jour tenter de donner vie, de mettre en son, d’écouter cette œuvre qu’il a en tête depuis qu’il l’a entendue.

La conversation s’engage, je lui donne quelques conseils élémentaires. Je lui avoue que je suis pianiste amateur ; il insiste, en vain, pour que je joue pour lui.

Je le sens prêt à s’engager dans une relation amicale et je recule, un peu effrayée par son avidité. Et puis mon ami se profile à l’entrée de la cafeteria je dis au jeune homme que je dois partir.

Il insiste « vous reviendrez ? Quand ? « Peut-être car j’ai des consultations post opératoires dans les semaines à venir ».

Il me laisse partir, visiblement désolé, et j’entends de nouveau le thème de « mariage d’amour », tâtonné, maladroit et entêtant qui me suit dans le grand escalier qui conduit à la sortie.

M.B